Est-ce possible aujourd’hui pour les familles en situation de pauvreté à Montréal de bien s’alimenter et d’être physiquement actives ?

L’Équipe Saines habitudes de vie (SHV) du Secteur Tout-Petits-Jeunes (TPJ) de la Direction de santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (DSP de l’ASSSM), étant en démarche de planification stratégique, a fait appel à l’expertise du GRFPQ, afin que nous réalisions une consultation auprès de parents et de jeunes venant de quartiers défavorisés. Nous avons embauché Maxime Boucher et France Labrie, afin de mener ce projet à bon port.
L’objectif général de la consultation était d’explorer et de comprendre les perceptions, croyances, facteurs facilitant et barrières quant à l’adoption de saines habitudes de vie (saine alimentation et mode de vie physiquement actif) de la population cible en lien avec son environnement.

Six quartiers ont été retenus pour la collecte de données. Les quartiers visités furent : Hochelaga-Maisonneuve, Centre-Sud, Bordeaux-Cartierville, Parc-Extension, St-Michel et Côte-des-Neiges. Les quartiers ont été sélectionnés dans le but de couvrir une large portion de la ville tout en ciblant des quartiers avec une grande proportion de personnes sous le seuil de faible revenu.

Pour mener à bien cette consultation, nous avons priorisé l’approche de conscientisation. Nous avions prévu 3 rencontres de 3 heures avec les parents et 2 rencontres de 3 heures avec les jeunes. Malheureusement, nous avons dû réajuster le temps de nos rencontres et les diminuer de moitié, pour répondre aux besoins des personnes participantes.

La conscientisation est une approche ambitieuse qui nécessite du temps. Nous croyons avoir respecté la vision d'ensemble de la conscientisation et avoir entamé les premières étapes qui sont celles de la déculpabilisation et de la collectivisation des problèmes qui mènent vers une conscience de sa dignité et éventuellement l'action politique. Les personnes participantes ont mentionné qu’une consultation comme celle-ci permet aux jeunes et aux parents de discuter d’enjeux sociaux qui les concernent et de prendre part activement à la société.

Le 29 mai 2015 a eu lieu un forum d’une journée réunissant tous les groupes d’acteurs ayant participé à la démarche de consultation (parents, jeunes, représentantEs des organismes communautaires, membres de l’équipe de travail de l’équipe SHV de la DSP, membres et salariéEs du GRFPQ).
Cette année, nous avons accompagné l’Équipe Saines habitudes de vie (SHV) du Secteur Tout-Petits-Jeunes (TPJ) de la Direction de santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (DSP de l’ASSSM) dans la rédaction d'un rapport faisant état de l'analyse des résultats émanant de cette consultation.

Nos organisations ayant des missions différentes, l’écriture collective fut tout un défi.  Nous ne partions pas avec le même cadre théorique, ni avec les mêmes objectifs. Lorsque nous avons constaté cet obstacle, nous avons conclu que le rapport appartenait à la DSP de l’ASSSM, donc que nous allions utiliser leur cadre théorique. Le GRFPQ ne regrette en rien sa collaboration avec la DSP de l’ASSSM.

En effet, le GRFPQ croit que la pauvreté est une négation de droit, lorsque qu'une personne manque de ressource financière pour subvenir à ses besoins et ceux de leur famille, elle perte un premier droit celui d'un revenu décent. Avec cette perte s'accompagne l'obligation de devenir assistée, soit par l'État (aide sociale, aide au logement et allocation) ou par des organismes communautaires (aide alimentaire, comptoir vestimentaire, défense des droits...), afin d'avoir accès au minimum vital. Cette obligation d'assistance prolongé fini par ruiner l'autonomie de la personne et entrave leur dignité. Pouvoir parler à cette dignité humaine, afin de savoir les changements à apporter, dans les infrastructures du quartier, aux politiques gouvernementale, municipale ou scolaire, afin que touTEs puissent accéder à une vie plus saine, a permis à notre organisation de poursuivre des réflexion déjà entamées.

Le GRFPQ n'avait jamais eu l'occasion d'étudier les conséquences de la pauvreté à partir des saines habitudes de vie. Cette consultation nous a permis d'approfondir notre analyse sur le respect des droits humains lorsqu'une personne est en situation de pauvreté ainsi que les mesures mise en place par l'État pour y répondre. Selon Jill Rubery, professeure à la Manchester School of Management de l’Université de Manchester, désigne quatre rôles de l'État. Il s’agit de ses rôles de support financier, d’employeur direct, de fournisseur de services et de rempart  contre la marchandisation du vivre ensemble. Les résultats amassés nous permettent de croire que le gouvernement n'assure plus optimalement ses rôles auprès de la population pauvre, causant ainsi une atteinte à leurs droits. En effet, l'aide financière accorder aux personnes sans emploi ne parvient plus à couvrir les 9 besoins essentiels reconnus par le gouvernement, soit : l’alimentation, le logement; l’entretien ménager; les soins personnels; les communications; l’habillement; l’ameublement; le transport; les loisirs. Dans cette consultation, nous nous sommes surtout attardés aux saines habitudes de vie soit l'alimentation et le loisir. Cependant, les paticipantEs nous ont également entretenus sur le transport et le logement. Nos hypothèses sur les causes de la pauvreté et ses conséquences ont donc pu être vérifiées. Les pistes de solutions proposés par les participantEs sont intéressantes, il serait souhaitable de poursuivre la démarche de conscientisation, afin de passer à l'action en dialogue avec les personnes en situation de pauvreté.

C'est ce que nous avons tenté de faire par la production de 2 capsules vidéo : "Dans nos têtes ça délire!" pensé et réalisé par un groupe de jeunes s'impliquant au Centre de la Jeunesse Unie et "Têtes coincées, santé et pauvreté!" imaginé et conçu par un comité de parents venant de différents quartiers défavorisés de Montréal. Les parents comme les jeunes se sont inspirés de leur analyse des résultats de la consultation pour créer leurs textes.

Nous souhaitons produire des outils d'animation autour de ces 2 vidéos.

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